II. Illustration de la langue françoise.
Illustrer la langue c’est lui conférer du lustre, à la fois en la dotant de grandes oeuvres en “cultivant” les qualités qui seules peuvent rendre ces oeuvres possibles.
Deux grands faits conditionnent cette culture. D’une part, le français est jusqu’ici une langue vulgaire inadaptée aux fonctions techniques et stylistiques qu’on va exiger de lui. D’autre part, c’est une langue momentanément en déséquilibre, fluente et vacillante, dont le système phonétique et grammatical est en train de se cristalliser, cependant qu’il charrie encore des vestiges de l’ancien langue lentement filtrés et décantés. Mais les deux phénomènes se confondent et l’évolution naturelle de l’idiome est conditionnée – souvent faussée ou dans tous les cas orientée – par les nouvelles fonctions qu’on exige de lui.
Trois facteurs sont à la base de cette évolution: la formation d’une langue littéraire stylisée, conciente des fonctions du language et de ses moyens; la naissance d’une grammaire et la normalisation de l’idiome.
Ces trois mouvements sont étroitement imbriqués; technicien, poète et grammairien bien souvent ne font qu’un, et communient également dans le culte d’un humanisme latinisant. Le technicien est un traducteur qui décalque l’original latin; le poète imite les modèles antiques et transpose les préceptes de la rhétorique classique; le grammairien, enfin, découvre que le français vient du latin, et prenant le fait littéralement, force la réalité grmmaticale française dans le moule héréditaire.
Certes, toutes les langues européennes ont été soumises à cette triple évolution; le français toutefois plus profondément que tout autre; en raison de ses origines d’une part et du fait surtout que ce mouvement a coïncidé avec une période de déséquilibre qui rendait la langue vulnérable à une action externe.
Attaqué en plaine crise de croissance, l’idiome n’a offert qu’une faible résistance à l’action des latinisateurs et ceux-ci ont réglé d’une façon autoritaire et souvent intempestive bien des problèmes qui auraient dû recevoir une solution naturelle. Ce climat a contribué à l’élaboration d’une langue savante, profondément marquée et autonome de la langue parlée. Nulle part en Europe le fossé n’est plus profond entre la langue cultivée et l’idiome commun.
Certes la langue poursuit son évolution naturelle par le développement de ses propres ressources; on connaît le programme de la Pléiade: emprunts aux dialectes et aux métiers, dérivation et composition, création stylistique, etc.; mais le fait fondamental reste la latinisation sous la triple influence des techniciens, des écrivains et des grammairiens.
Thème II. PHONETIQUE FRANÇAISE
La phonétique est une des sciences linguistiques. Elle étudie les sons du langage articulé, considérés comme phénomènes linguistiques, et leurs rapports avec les faits linguistiques : morphologiques, syntaxiques, sémantiques, lexicaux etc.
La science de la phonétique a plusieurs branches qui emploient des méthodes appropriées .
1) La phonétique descriptive s’occupe de l’étude des sons du langage pris à une époque déterminée de l’histoire de la langue, par ex ., le mileu du XX – me siècle. (synchronique, « horisontale »)
2) La phonétique expérimentale emploie les appareils enregistreurs et autres instruments qui permettent d’observer les sons articulés avec une acuité de beaucoup supérieure à celle de nos sens et avec une précision objective.
3) La phonologie. Il y a au moins deux sens différents de ce terme : Ferdinand de Saussure et Maurice Grammont emploient ce terme dans le sens d’une étude des sons articulés et leurs combinaisons, sans chercher dans quelle langue ils sont réalisés, ni même à proprement parler, s’ils le sont dans aucune. Au contraire, « Le Cercle linguistique de Prague », en s’appuyant sur les études de Baudouin de Courteney et de Saussure, constate qu’une langue donnée n’emploie jamais qu’une partie restreinte d’éléments phoniques que peut produire l’appareil vocal de l’homme, et la phonologie se contente d’étudier dans la masse de toutes les nuances innombrables de sons possibles, ces sons seulements qui ont un intérêt sous le rapport de leur fonction dans la langue, et en particulier, de la valeur significative qui rend possible la compréhension des mots dans la compositions desquels ils entrent.
Ainsi, la phonétique française peut étudier en principe toutes les nuances de l’ « a » en tant qu’élément sonore, abstraction faite de leurs fonctions dans la langue, tandis que la phonologie française ne s’occupe que des oppositions et des corrélations des « a » qui rendent possible la distinction du sens des mots.
Дата добавления: 2015-08-21; просмотров: 663;