Chapitre 5

— Il y a quelqu'un?

Et l'écho répète: quelqu'un, .. . quelqu'un . . . La voix semble venir de partout. Eric et Lénick re­gardent autour d'eux. Qui a crié ainsi? La fantôme a disparu. La lumière irréelle aussi. Il fait de nouveau noir.

— Lénick, Eric, vous êtes là? êtes là ... êtes là ...

— Oui! crient les enfants.

Ils ont reconnu la voix maintenant. C'est celle du vieux pêcheur. Mais où est-il?

— Regardez du côté du fond de la grotte, en haut! Les enfants ne savent plus de quel côté est le fond de la grotte, mais ils ne mettent pas longtemps à découvrir une lumière au'loin. Elle fait penser à la sortie d'un long tunnel noir.

— On est ici, monsieur Ploumenec. On voit la lu­mière.

Lénick a rallumé sa lampe de poche et fait de grands gestes.

— Je vous vois, mes enfants. Au moins vous n'êtes pas dans l'eau, j'espère?

— Non!

— Alors, essayez de grimper jusqu'ici. Je vois que vous avez une lampe.

Lénick et Eric ne se laissent pas prier. Ils se mettent immédiatement en mouvement. A l'aide de leur lampe de poche ils cherchent le chemin vers la sortie.

Le vieux pêcheur les encourage.

— Prenez votre temps. Ne faites pas d'impruden­ces. Regardez bien où vous mettez les pieds. Oui, c'est bien, vous allez y arriver.

Finalement les enfants sortent par un trou en plein air. Ils se trouvent maintenant au-dessus de la fa­laise.

— Merci, monsieur Ploumenec.

Lénick embrasse le vieil homme qui est tout ému.

— Mes enfants, mes enfants.

— Comment vous avez trouvé, monsieur Ploume­nec? demande Eric.

— Eh bien vous m'avez fait peur. Imaginez-vous que vos parents viennent me demander si je ne vous ai pas vus. Je dis non et je demande pourquoi. Ils m'expliquent que vous êtes partis depuis quelques heures et que ce n'est pas dans vos habitudes de rester absents si longtemps. Alors je me rappelle l'histoire du fantôme. Je me dis: ils sont sûrement entrés dans la grotte et l'eau les empêche d'en res­sortir. Et comme je connais bien la région, je me souviens du trou de la falaise. Comme enfant je suis souvent entré dans la grotte par ici. C'est bien plus tard que la commune a placé le couvercle que voici. Il désigne une plaque de fer, toute rouillée, qui se trouve par terre.

— C'est ainsi que je vous ai trouvés. Et mainte­nant. .., à la maison! Mais d'abord vous allez me refermer ce trou. Il ne faut pas que des enfants imprudents y tombent. Lénick se penche déjà pour prendre le couvercle. Eric veut faire de même quand le pêcheur lui dit.

— Donne-moi ce que tu tiens là. Tu as besoin de tes deux mains.

Eric regarde sa main droite. Dans la joie de pouvoir sortir, il a complètement oublié. Il pâlit. Dans la main il tient un couteau. Il le passe immédiatement au pêcheur et lui dit:

— Gardez-le. Je ne veux plus le voir!

— Tu as raison Eric, répond leur ami. Tu es trop jeune pour te promener avec ce très vieux couteau de marin. D'ailleurs, je me demande pourquoi il est plein de sang.