La définition de la phraséologie, le problème des groupements de mots libres et stables.
Le mot « phraséologie » a un double sens. Au large sens du mot la phraséologie c’ est l’ aspect particulier de la lexicologie ou même une branche indépendante de la linguistique qui a pour but d’ étudier les groupements stables (locutions phraséologiques). Au sens étroit du mot la phraséologie de Balzac ou d’ Aragon, par exemple, c’ est l’ ensemble de locutions phraséologiques dont se servent ces écrivains. C’est sous son premier aspect que la phraséologie nous intéresse. La grande question qui se pose concerne la nature des groupements libres et des groupements stables (locutions phraséologiques), leurs traits particuliers, leurs limites. Les groupements libres qui se constituent au moment de la parole tels qu’ un bon livre, un mauvais livre, un bon camarade, un mauvais camarade,la maison de mon père, le crayon de mon frère, etc. Sont du ressort de la grammaire (de la syntaxe). La phraséologie s’ occupe des groupements stables (locutions phraséologiques) qui ne se créent pas au moment de la parole, mais y sont reproduit en tant qu’ unités toutes faites, unités lexicales.
La phraséologie a pour but de définir les groupements stables (locutions phraséologiques), de les classer, d’ établir les causes de leur apparition dans la langue, leurs traits caractéristiques. Il n’ existe pas de limites strictes entre les groupements libres et stables. Ces limites ont un caractère mobile. Les groupements stables font souvent leur apparition dans la langue à la suite de la lexicalisation des groupements libres, c’ est-à-dire à la suite de leur passage aux unités lexicales. Tel est le cas des locutions laver la tête à qn, prendre le taureau par les cornes, mettre les bâtons dansles roues et d’ une quantité d’ autres. Dans les cas cités ci-dessus on est en préssence des groupements homonymes (libres et stables). On peut laver la tête à son fils au sens propre de ce mot (groupement libre) et on peut également lui laver tête pour sa mauvaise conduite (groupement stable). Un homme courageux peut prendre le taureau par les cornes, on peut en réalité mettre les bâtons dans les roues . Les groupements stables ont donc commencé leur existence par être libres et ont fini par devenir des unités toutes faites grâce à leur constant emploi métaphorique.
Ainsi, tous les deux (les groupements libres et stables) sont intimement liés, ce qui est une preuve éclatante des rapports étroits de la lexicologie et de la grammaire. Grâce à leur fréquent emploi métaphorique les groupements aurefois libres se transforment en groupements phraséologiquement liés, en locutions phraséologiques qui présentent une unité d’ image et de sens.
A l’ encontre des mots, les locutions phraséologiques n’ont pas pour caractère la polysémie. La plupart des locutions phraséologiques sont monosémiques . De même qu’ un mot simple ou composé, les locutions phraséologiques peuvent exprimer une seule notion et accomplir le rôle d’ un seul terme de la proposition : coup d’ épaule [secours], tout d’ un coup [subitement], mettre fin à qch [en finir].
Vu les tendances analytiques très prononcées du français d’ aujourd’ hui, la création des groupements stables est pour le français moderne une source inépuisable d’ enrichissement de toutes les parties de son vocabulaire. Ainsi la lutte pour la paix a fait naître dans le monde entier une foule de locutions phraséologiques, purement analytiques, conformes à la syntaxe de nos jours : colombe de la paix ; patrisan de la paix ; combattant pour la paix ; messager de la paix ; collecter (recueillir) les signatures ; la lutte pour la paix ; le Conseil mondial de la paix ; les hommes de bonne volonté ; la cause de la paix.
Le début de la seconde guerre mondiale a reçu en France le nom de drôle de guerre, les guerres colonialistes sont appelées les sales guerres ce qui exprime tout le dégoût des hommes du monde entier pour les guerres injustes. Ce sont déjà des groupements de mots stables.
Les locutions phraséologiques se trouvent en abondance en toutes sortes de terminologies et se créent constamment. Il est intéressant de noter qu’ on crée parfois des locutions phraséologiques sur le modèle du type verbal synthético-analytique de groupements stables (« verbe + substantif sans article ») : faire surface (en parlant d’ un sous-marin) ; faire liste commune ; faire bloc ; prendre contact.
Дата добавления: 2015-08-21; просмотров: 2881;